Qui était John Murray Forman ?

Traduit de l’anglais, avec mes remerciements à Ann Forman, la fille de John M. Forman, et Kent Frazer, son cousin.

 

Murray était le troisième enfant (survivant) de six, nés de John Forman et Mary Fraser. Il était né le 20 Mars 1913 à la ferme familiale Forman, Lot 53/54, Concession # 1, Elma Township, à l'est de Listowel, en Ontario.

 

Il était un élève très vif à l'école secondaire et aurait bien voulu continuer à étudier le droit, mais comme c'était l'usage à cette époque, « j'ai eu à faire une grande variété de travaux dans la période post-crise ». Par exemple, il travaille avec son cousin germain, Roy Johnson à la fromagerie à Carthage en 1933.          J15236) s'enrôle 2 Juillet 1940 à Toronto.

 

A sa grande déception, il a été informé qu’à l'âge de vingt-huit ans, il était trop vieux pour être un pilote et au qu’il suivra une formation de mitrailleur de queue. Il est formé à la ITS No.1 (Initial Training School), à Toronto et est certifié, le 14 Septembre 1940. Son père meurt un mois plus tard (Octobre 18, 1940). Murray est dirigé vers Calgary pour No.2 WS (Wireless School), où il obtient son diplôme de première classe le 20 janvier 1941.

 

Il retourne en Ontario pour quelques semaines à l’Ecole 4 BGS (bombardement et tir, Fingal), où il est breveté le 17 février 1941

Avant sa dernière mission

Il arrive en Europe en avril 1941 avril, neuf mois après son engagement. On a peu de détails sur son activité pour la période avril 1941 à août 1943. Il a été nommé officier en Février 1942 et en Septembre 1943, il devient « Flight Lieutenant », qui était un grade  comparable à « Pilot Officer » ou « Flying Officer ». Durant les vingt-huit mois qui suivent son départ du Canada, il réalise 28 missions au-dessus de  la France et l'Allemagne.

 

Il est important de savoir qu'il n'y avait aucune position, durant la Seconde Guerre mondiale plus dangereuse que celle d’un équipage du « RAF air Bomber Command. » Seule une personne sur quatre allait  survivre en échappant à la blessure ou à la capture : 55 573 membres d’équipages ont été tués (55%), 8 403 ont été blessés en action (3%) et 9 838 furent faits prisonniers de guerre (12%). Murray Forman a fait partie des seulement 2% qui ont été abattus et ont échappés à l’arrestation.

Murray tient également un rôle dangereux au sein de l'équipage. La tourelle arrière de l’avion est une position glaciale et solitaire. Mais c’est la principale défense contre les chasseurs de nuits allemands qui tendaient à attaquer par l'arrière.

La bonne visibilité  des mitrailleurs arrière était souvent la clé de la survie. Ils enlevaient  souvent le panneau de plexiglas immédiatement devant eux pour améliorer  leur  vue, malgré le froid et la violence du vent.

Les yeux en alerte, le mitrailleur arrière a souvent été le salut de beaucoup d'équipage de bombardiers, et le cri de « Corkscrew starboard, GO! » alors que le tireur ouvrait  le feu sur un chasseur de nuit,  provoquait la violente réaction, instinctive et immédiate, de tout pilote du Bomber Command.

 

Murray rejoint le "Ghost ARC" Escadron 428 quand il est formé en Janvier 1943 dans le cadre du groupe n ° 6 (qui était le groupe canadien) du Bomber Command. Pendant six mois, l'escadron a volé sur des bombardiers « Wellington »

 

Bombardier Wellington
Bombardier Wellington

À l'été de 1943, l’escadron est déplacé vers l’aérodrome  « RAF Middleton St George » dans le nord-Angleterre et est équipé de bombardiers Halifax B Mk V.

Bombardier Hallifax
Bombardier Hallifax

Le bombardier Halifax date de 1939 et il devait servir sous différentes versions tout au long de la guerre. Le B Mk V est identique à la version la plus commune B Mk II, sauf un ajustement du train d'atterrissage

 

Les premiers modèles de Halifax avaient ailerons triangulaires qui ont été remplacées par des ailettes rectangulaires sur le « Handley Page Halifax MK VS » piloté par l'Escadron 428. Cette queue redessinée devait jouer un rôle crucial pour la survie de Murray dans le crash de son avion.

 

Murray et son équipage volaient sur l’ Halifax V LK913 (numéro de série, la spécification # 637 - un des 420 construits sous cette configuration), fabriqué par Rootes Securities Ltd, Speke, Royaume-Uni..

 

Il avait été livré peu après le 18 Juillet 1943 dans le cadre du passage de l’Escadron du Wellington au Halifax.  C’était donc à peine plus de  55 jours avant son crash.

 

Généralement, un Halifax avait un équipage de six ou sept personnes : un pilote, trois mitrailleurs, un navigateur, un opérateur sans fil et un mécanicien navigant.

 

Le navigateur et l'opérateur sans fil étaient assis dans le fuselage avant, entre la tourelle avant et le cockpit. Le mécanicien navigant était assis derrière le pilote et avait  fort à faire avec des ajustements nécessaires pour la  gestion de carburant.. Bien que ce fut un escadron canadien, tous les équipages de 428 comprenait un mécanicien de bord britannique parce que la Royal Canadian Air Force ne formait pas pour cette fonction, et les équipages incluaient souvent des membres d’équipage britanniques.

 

Pourtant, il était inhabituel que LK913 ai décollé avec un équipage de huit membres, le 15 septembre1943.

La Mission

Le 15 Septembre 1943, l'équipage avait l’intention de célébrer l'anniversaire de leur opérateur radio (Malins) avec une soirée au « Dive Betty's » à York. Au lieu de cela, furent appelés pour être briefés pour  une opération.
Heureusement, la mission semblait idéale.


L’Usine Dunlop de Montluçon, France (280 km au sud de Paris) été utilisé par les Allemands pour sa production de caoutchouc synthétique, depuis le caoutchouc naturel ne pouvait obtenu par les nazis.


L’attaque devait être assez facile et sans risques de flak (canons anti-aériens).

Dave Fraser rappelait à Murray de mentionner que certains membres de l'équipage de la mission  sur Montluçon étaient des « rampants » sans autorisation de vol.  Cela n'était pas rare lors d'une mission facile et cela explique la présence de huit hommes dans l'avion. Une photo de l'équipage LK913 montre six aviateurs. Cinq de ces six ont volé le 15 Septembre 1943.

 

Ed Mason prennait  la place du navigateur ordinaire, le « Pilot Officer Morley Snow », cela devait être dû au grade de Mason (« Lead Squadron Navigator »), accompagnant un pilote ayant le grade de «Wing Commander ». A l'équipage photographié s’étaient joints le « Pilot Officer E. Bell » and l’ « Air Gunner Pilot Officer  J. M. Nelmes ».

L’équipage du LK913 était compose de six Canadiens et de deux Britanniques :

  • Pilot  Wing Commander  Smith, D.W.M.  - Royal Canadian Air Force 
  • Pilot 2 Pilot Officer  Bell, E.N.   - RCAF
  • Engineer Sergeant   Heyworth Charles -  Royal Air Force
  • Navigator  Flight Lieutenant  Mason, E.B.  -  RCAF
  • Bomb Aimer Flying Officer  Dereniuk, H.   - RCAF
  • Wireless Operator Pilot Officer  Malins, Richard O.  - RAF
  • Air Gunner Pilot Officer  Nelmes, J.M. -  RCAF
  • Air Gunner Flight Lieutenant   Forman, J. Murray - RCAF

 

Une partie de l'équipage du LK913
Une partie de l'équipage du LK913

Arriière-plan : Dereiuk, Forman, Smith, Snow

Premier plan : Heyworth, Malins

À 19h48,  le 15 Septembre 1943, l’ Halifax LK913 a décollé de l’aérodrome «  Middleton St George », et s’est joint à une force qui comprenait 369 avions des groupes  n° 3, 4, 6 et 8 - 209 Halifax, 120 Stirlings et 40 Lancasters. Cinq B-17s américains étaient aussi de la partie. Plus précisément, il y avait  63 Halifax des  escadrons 419, 427, 428, 429 et 434 du 6ème groupe pour  la mission "Z657"  Ils prirent la direction du sud pour un voyage de 1,000 km jusqu’à  Montluçon.

 

Les éclaireurs ont marqué la cible avec précision et le « Master Bomber », Wing Commander DFEC Deane, conduisait sa force principale dans les conditions de bonne visibilité, un  lumineux clair de lune, pas ou peu de nuages et des défenses très modestes.

D’une altitude de 6.000 à 10.000 pieds, les avions larguent  52 tonnes de bombes  explosives  et 103 tonnes de bombes incendiaires. Le bombardement dure 27 minutes, de 23h25 à 23h52. Tous les bâtiments de l'usine ont été touchés et un incendie violent éclate. Les bombes ont également touché le village voisin de Saint-Victor et l'on compte 39 habitants tués au sol et plus de 250 blessés.


En dépit de défenses légères, la mission n'était pas sans risque. Plusieurs avions, dont deux du 428ème Squadron durent retourner à leurs bases avant le bombardement en raison de pannes de moteur. Un équipage rapporta une attaque de la part d'un avion ennemi, mais sans conséquences. Le DK253 du 427 Squadron revint en Angleterre, mais s'écrasa à Harmondsworth , causant la mort des 7 membres de son équipage. Le LK913 ne revint pas.

 

Le crash

Le LK913 largua ses bombes et reprit la route du nord, mais il fut attaint par une grappe de bombes incendiaires larguées par un bombardier Stirling qui croisait au dessus de lui.

 

 

Bombardier Stirling
Bombardier Stirling

Selon l’opérateur radio, Dick Malins : « L'inévitable était arrivé – l’avion n’avait plus de nez, une aile était en feu et le chaos régnait à l’intérieur. Plus d’interphone – plus de  commande s- sauter ou rester?  L'instinct et de la formation ont prévalu - J'ai sauté  de même que le navigateur - les deux seuls «navigants» ( ?)". Il atterrit dans un champ nord de Montluçon.

 

Ed Manson sauta aussi et atterrit dans un champ de pommes de terre.

 

L’avion naviguait au nord, au-dessus de la grande forêt de Troncais, 25 à 40 km au nord de Montluçon.  Comme l’avion se rapprochait du sol , Murray dit dans l’intercom “Capitaine, je peux voir la cime des arbres en dessous et certaines sont plus hautes que  nous ne le sommes »

 

Smith maintint l’alignement de l’avion sur une pente couverte de jeunes chênes jeunes. L’avion s’affaissa doucement, amorti par la cime des arbres et par les côtés à la colline de telle sorte que l'une des ailes se cassa, ce qui ralentit la vitesse d'impact.

 

Conscient qu’il risquait de rester prisonnier dans sa tourelle, Murray eut la présence d’esprit de la faire pivoter juste avant l’impact de manière à avoir le dos au choc.

 

Assommé et blessé au dos, il fut néanmoins en mesure de rouler en dehors de sa tourelle lorsqu’il reprit conscience.

 

L’avion était en partie brûlé mais ils avaient tous survécus  et étaient en relativement  bonnes conditions. Murray attribuait la survie lie l’équipage à la nouvelle conception de la queue du Halifax et au rôle d’amortisseur qu’avait pu jouer la forêt.

En 1969, la nature des arbres (épilobe à feuilles étroites) et les cimes brisées ont permis à Murray de retrouver l'emplacement exact du crash . 0n sait maintenant exactement où est tombé l’avion dans la forêt de Tronçais : dans la petite vallée de « La Bouteille ». Il ya un petit hameau  nommé « La Bouteille » à proximité de l'extrémité sud de la forêt, mais le premier lieu où Murray fut en sécurité est à Ainay-le-Château, 15 kilomètres plus au nord.  Des morceaux de métal, dont un morceau numéroté  du fuselage, ont été ramenés au Musée Canadien de la guerre.

Après le crash, l’équipage se sépare en trios paires pour éviter d’être repérés : Smith avec Dereniuk, Heyworth avec Nelmes et Forman avec Bell. Murray se rend vite compte que son état de santé handicaperait  le jeune officier pilote, Belll, aussi conseilla-t-il à Bell tenter seul sa chance. Murray se cache alors dans les buissons, au bord d'un sentier étroit au cœur de la forêt.  Lui et autres aviateurs étaient déterminés à échapper à la capture en France occupée.

 

Au Canada, sa famille est informée que Murray est considéré comme disparu.  A l’aérodrome de Middleton St. George, Don Kennedy rassemble les effets personnels des membres de l’équipage. Après la guerre, Kennedy aurait immigrera au Canada, élèvera une famille,  perdra sa femme et se remariera avec la belle-mère de de Dave Fraser. Rencontrant Murray en 1970, Kennedy se souvint de la perte de l'équipage et retrouva même la liste de leurs noms.

En France occupée

A un moment, dans la matinée, un vieil agriculteur passa sur le sentier forestier avec un cheval tirant un chargement de bois ( ?  «saw-log »).  Il regarda Murray, ne dit rien, mais ralenti suffisamment longtemps son cheval pour lui permettre de grimper sur la carriole.

 

Après lui avoir fait faire un bout de chemin, d’un geste, le paysan lui fit silencieusement signe de descendre et d’attendre au bord d’une route (tout en restant hors de vue soit dans un fossé, soit dans une haie). Il y resta caché toute la journée. En fin d'après midi, un jeune homme (un enfant ? " young boy ") s'approcha et lui donna une pomme.

Après la tombée de la nuit, des maquisards (Résistance française – précision dans le texte en anglais) sont arrivés et l'ont emmené à la maison de Madame Dubois dans le village d'Ainay-le-Château, au nord de la forêt. Il y est entré clandestinement par la porte arrière et est immédiatement conduit à l’étage. Monsieur Vincent lui procura de nouveaux vêtements. Georges Simonet (cousin de Pierre Virlogeux) fit venir un médecin.  André Montazeaud soigna les  blessures de Murray et prit soin de lui pendant les cinq jours suivants.  Le maquis ayant appris que les Allemands étaient proches, Murray fut extrait clandestinement par la porte arrière et monté dans un camion, juste en avant l’arrivée de la Gestapo.               

 

 

Murray n'a plus aucun contact direct avec les membres de son équipage, mais au moment où il quitte la maison d’Ainay-le-Château,  trois aviateurs  ont déjà été capturés.

Le même Monsieur Vincent qui avait fourni des vêtements à Murray, mis la paire d’aviateurs dans le train de Saint-Amand, Montluçon ,Toulouse et Perpignan , dans le sud de la France, en espérant qu'ils atteindraient la liberté en Espagne.. Ils furent arrétés à la gare de Perpignan, le 17 septembre.

 

Malins, qui avait atterrit  juste au nord de Montluçon, réussit à rejoindre un village près de Montluçon, où il put passer une nuit sauf. Le lendemain, des villageois lui donnèrent un béret, un pain, une bouteille de vin et la direction de la gare locale. Il réussit à faire tout le trajet jusqu’à Perpignan en évitant de parler,  et se  trouva à la gare au moment même Smith et Dereniuk étaient arrêtés.  Il montra sa plaque d'identité au contrôleur de billets qui lui donna l’adresse d’u bistrot  où il pourrait prendre contact avec le maquis pour organiser un passage à travers les Pyrénées. Malins y obtint une chambre – mais quelqu'un signala sa présence aux Allemands.  Après avoir attendu deux jours pour un guide pour le conduire à travers les Pyrénées, Malins voulut sortir seul -  20 minutes après, il était arrêté par la Gestapo.

Après avoir quitté Murray, le jeune co-pilote Bell évita la capture jusqu'en Décembre, quand une personne informa la Gestapo de sa présence à Bourges.

 

Smith, Dereniuk, Malins et Bell allaient passer les 20 prochains mois auStalag Luft III Sagan (Prusse).

Note : Le Stalag Luft III Sagan est le camp de prisonniers destiné aux aviateurs qui fut rendu célèbre par la "Grande Evasion" - "The great escape"qui devait faire l'objet d'un film joué, entre autres, par Steve Mac Queen

 

 

Murray fut informé par le maquis que Heyworth, Mason et Nelmes étaient encore en liberté. Il serait certainement en contact avec eux dans les semaines à venir.

 

La liste complète des maisons sûres et "helpers" (les « aides », je conserve volontairement le terme anglais) n'est pas connue. Bien qu'il y ait eu quelques autres arrêts après avoir quitté Madame Dubois, le second  "long séjour" de Murray commença vers le 20 septembre 1943, à 15 kilomètres au sud de Montluçon et quelques kilomètres au sud-ouest de Cérilly, à la ferme des Virlogeux, au lieu-dit « Pernier ». Il resta dans cette ferme près de deux semaines, de fin Septembre à début Octobre.

 

 

Un « helper » fournit à Murray de la nourriture pendant son séjour à Pernier

Note :  Dans le texte anglais, la phrase exacte est : « A Helper brought Murray food during his stay at Pernier. ». Je n’en comprends pas le sens. Comme beaucoup de fermes, Pernier était auto-suffisant en nourriture (d’autant plus qu’une telle ferme pratiquait une agriculture vivrière). Perdue dans la campagne bourbonnaise, elle offrait même un endroit de repos idéal pour un blessé. La preuve en photo :

 

 

Sur la photo : de dos, Claude Rodier-Virlogeux, son fils Jean, dans le transat, John M. Forman.

C’est en traduisant la phrase suivante que j’ai trouvé le sens de la première phrase du paragraphe : Il fallait un « helper » pour assurer la survie de Murray, ce fut la ferme de la famille Virlogeux. L'ancien, Jean Virlogeux, (j’aime bien ce terme) était fermier et avait été le maire de la commune proche, Cérilly, de 1929 à 1935. Son fils, Pierre Virlogeux, était ingénieur de céramiste et dirigeait la poterie "Les Grès Flammés" à Riom, à 80 km au sud. L’épouse de Pierre, Claude, était  enseignante au collège de jeune fille de Riom. Plus important, Pierre était un chef du maquis, assisté de Claude et leur fils Jean.

Aucun doute, les Virlogeux ont joué un rôle clé dans le déplacement de Murray à Riom où ils ont organisé, à  la mi-octobre, une visite chez un médecin à Riom pour un une radio de son dos. Peu de temps après cet examen,  la garnison allemande locales eut des soupçons quand aux activités de cette clinique. Elle fut abandonnée par la Résistance.

Les Virlogeux allaient payer le prix fort pour leurs activités en faveur de la Résistance et des réseaux d'évasion. Le 8 Février 1944, trois mois seulement après le départ de Murray, toute la famille, y compris Pierre, Claude, leurs fils de Jean et  Marc (11 ans), les parents de Claude et la  femme de ménage, sont arrêtés par la Gestapo. Après une journée d'interrogatoire, la Gestapo relâcha  les grands-parents et le plus jeune des garçons.

Pierre se suicida en prison pour éviter le risque de parler sous la torture - On dit que la Gestapo avait  menacé de torturer ses enfants devant lui.  On l'enterra dans la cour de la caserne où ils étaient internés. Son épouse fut déportée au camp de concentration de Ravensbrück - Elle y vécu assez longtemps pour apprendre que  la France avait été libéré (Août), mais elle y mourut le 11 Novembre 1944, à l'âge de 41 ans.

Leur fils Jean est  contraint aux travaux  forcés. En France, il doit participer à la neutralisation de bombes non explosées dans des gares qui ont subi des bombardements lourds dans l'Est parisien. En Mai 1944, il est transféré au camp de concentration de Wöbbelin près de Ludwigslust, puis il doit  travailler à l'usine Volkswagen de Fallersleben. Le 7 avril 1945, alors que les Alliés approchent, les SS évacuent les déportes jusqu'à Wöbbelin - Beaucoup meurent  pendant un voyage de 8 jours. Deux semaines plus tard, arrivent les américains. Après guéri du typhus,  Jean rentrera finalement en France fin Juin de 1945. Il allait devenir ingénieur céramiste, directeur d’une poteri et maintiendrait  le contact avec la famille Forman.

(La chronologie de ce paragraphe n’est pas exacte (voir le témoignage de Jean Virlogeux), mais je conserve tel quel le témoignage de Murray Forman).

À Riom, il ya une statue, un jardin et une avenue nommés en hommage à  Claude et Pierre Virlogeux.Où se trouvait autrefois la caserne où Pierre est mort, est construite aujourd’hui une école: le « Lycée Claude et Pierre Virlogeux ».

Les derniers mots de Pierre Virlogeux, rapportés par un survivant,  ont été « Le temps est venu. Je vais mourir. J'ai fait mon devoir. Rassurez les amis, je n'ai rien dit. Mes fils peuvent être fiers. Adieu!  Vive la France! »

 

Après avoir récupéré de ses blessures avec l'aide de la famille Virlogeux, Murray est déplacé 50 km à l'ouest de Riom à Giat, s'arrêtant pour quelques  temps à l' « Hôtel du commerce » géré par la famille Villedeux.  Puis il s'installa dans une maison en pierre, dans les collines à 11 km de Giat, vivant pendant quelques semaines avecEd Mason , son coéquipier et un certain nombre de maquisards sous la direction de Duronton.

J.M. Forman avant son départ de Pernier
J.M. Forman avant son départ de Pernier

Mason, Nelmes et Heyworth étaient devenus actifs au sein du maquis de Giat (Puy-de-Dôme).Mason et Nelmes devaient y rester et se battre, y compris les grands combats du Mont Mouchet en Juin 1944. Ils s’embarqueraient à Toulouse à destination de l'Angleterre, 22 Septembre 1944, un an et une semaine après leur crash en France.

Murray doit à nouveau se déplacer à la fin Octobre. Hyworth était tombé malade et les deux rejoignent  à 170 km à l'ouest, la propriété de Charles Franc, à proximité de la ville d'Angoulême, au nord de Bordeaux. Sa belle maison cœur du vignoble de  Cognac. Charles Franc fut un des dirigeants d’un maquis que les Allemands allaient découvrir - Peu de temps après le départ  Murray, la maison était dynamité  tuant tous ceux qui étaient à l’intérieur, sauf deux, dont  M. Franc qui y perdit l'usage de son bras gauche et l'œil gauche).

Dans la nuit du 16 Novembre 1943, un petit avion Lysander touche le sol dans un champ près de la maison  Franc.

Lysander
Lysander

La date avait été choisie pour la pleine lune, essentielle à un Lysander qui doit voler vers le champ marqué au sol par tout juste quatre ou cinq lumières.- Manquer les 16 ou 17 novembre aurait signifié un autre mois d'attente. Le petit appareil était peint en noir mat et était muni d'une échelle sur le côté bâbord afin de faciliter un accès rapide au cockpit arrière. Le cockpit arrière a été conçu pour un passager, mais pouvait en transporter jusqu'à trois dans un inconfort extrêmes. Murray resta coincé entre  et un agent de résistance, pour un vol de retour de deux heures jusqu’ à  Tangmere, Chichester, dans le sud de l'Angleterre.

 

Une jour ou deux après leur retour, un message laconique passait sur les ondes de la BBC : " La bouteille est arrivée ". Pour un certain nombre de Résistants français, penchés sur leurs radios cachées, le message était un remontant de  moral de premier ordre. Cela signifiait que deux aviateurs canadiens, pour lesquels 'ils avaient risqué leur vie, avait fait pu, en toute sécurité,  retourner en Angleterre.

Il n’y aura pas de fête pour Charles Heyworth. Au moment où il quitte la France , il est gravement malade, souffrant d’une pneumonie ou peut-être d'une péritonite. À son arrivée,  il est transporté  directement à l'hôpital de Chichester. Sa femme, enceinte de neuf mois, parcourt 250 miles pour le voir. Leur enfant  a  huit jours. Charles tenant celui-ci dans ses bras dit  " Il est adorable. Dites-lui que je l'aime et je suis fier de lui " (Le texte original est ambigüe. Mais il semble qu’il s’agisse d’une fille. Je choisi, dans le doute, le terme « d’enfant ». Merci de corriger en conséquence.) Charles Heyworth meurt dix jours après son retour en Angleterre. Son meilleur ami, Dick Malins, qui avait passé la guerre comme prisonnier de guerre, ne connaissait pas le sort de son copain. À sa libération, il rencontre la veuve de Charles - Ils se sont mariés deux mois plus tard.

Murray Forman serait à jamais reconnaissante "de l'aide et du courage énorme de la part de nombreux membres de la Résistance française". Au cours des années suivante, il fut très active dans la Royal Air Force Escaping Society, un organisme qui accueillait  les membres de la Résistance et leurs familles au Canada, une façon de dire «Merci» !.

Après la France ...

La blessure au dos signifiait la guerre était finie pour Murray. Après la démobilisation pour raisons médiales, en1944, il revint au Canada et continuait  à travailler pour les Force aériennes. Avant de quitter l'armée de l'air à rejoindre la Commission canadienne des pensions, il est promu (« Commandant de l'EscadrilleWing Commander »)..

En Juillet 1945, il devint l'un des rares mitrailleurs de bord à avoir reçu la « Distinguished Flying Cross ».

FORMAN, W / C John Murray (J15236) - Distinguished Flying Cross - No.428 Squadron – Acquise à compter  du 5 Juillet 1945, London Gazette du 17 Juillet 1945 et 1507/45 AFRO datée du 28 Septembre 1945. Né en 1913,  Listowel, en Ontario où il réside; commerçant. Engagé à Toronto le 2 Juillet 1940. Certifié en Février 1942. Après-guerre - Commission canadienne des pensions. Formé au SES No.1 (diplômé le14 Septembre 1940), n ° 2 WS (diplômé 20 Janvier 1941) et n ° 4 BGS (diplômé 17 Février 1941).

« Cet officier a prouvé qu'il était un dirigeant brillant et stimulant. En tant que commandant de vol, il a formé ses équipages à un degré exceptionnel d'efficacité et de finesse. Abattu au-dessus du territoire ennemi, a, avec succès, évité la capture et est rentré à bon port. Son leadership courageux est un exemple encourageant  pour tous les mitrailleurs aériens. ».

En 1947, Murray est décoré de la Croix de Guerre avec Etoile d’Or (France).

 

En 1948, il épouse Kay Todd, elle  aussi une «  R.C.A.F. Vétéran ». Leur fille, Ann nait un an plus tard.

 

En 1966, il est promu par le Premier ministre canadien Trudeau à la vice-présidence de la Commission canadienne des pensions.